France Télécom : le haut débit pour tous, ou presque

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Avant la fin du mois, près de 80 % de la population sera en mesure de souscrire un accès ADSL, notamment grâce aux efforts déployés par France Télécom dans les zones rurales.

A la fin de l’année, 79 % de la population pourra avoir accès au haut débit, soit 23 millions de lignes téléphoniques. France Télécom est donc sur le point d’atteindre l’objectif fixé il y a six mois par Thierry Breton : le haut débit pour tous (voir édition du 10 juin 2003). Au total, plus de 4 500 communes auront été reliées à l’ADSL au second semestre 2003 (3 000 rien qu’au cours du dernier trimestre, dont 70 % comptent moins de 1 000 habitants), ce qui représente 1,346 million de lignes haut débit, 1 000 répartiteurs et 1 300 DSLAM (les multiplexeurs qui concentrent les lignes ADSL vers les tuyaux de l’opérateur). Rien que cette semaine, France Télécom déploie 51 répartiteurs permettant à 347 communes (dont certaines de moins de 100 habitants) d’accéder au haut débit.

Alternatives à l’ADSL

Concrètement, cela se traduit par une meilleure couverture dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la France, un renforcement des équipements dans le Nord, l’Est et la grande banlieue de la capitale (Seine-et-Marne). Quatorze départements (la Manche, les Côtes-d’Armor, l’Orne, la Vendée, la Haute-Saône, l’Indre, la Creuse, la Dordogne, le Lot, le Cantal, l’Aveyron, la Lozère, l’Ardèche et les Alpes-de-Haute-Provence) disposent encore d’un taux d’équipement en haut débit inférieur à 50 %. Nombre de ces départements devront probablement compter sur des alternatives à l’ADSL pour bénéficier d’un accès haut débit. La solution la plus avancée repose sur le couple satellite et Wi-Fi : une liaison Internet bidirectionnelle très haut débit est amenée par le satellite avant d’être déployée via un réseau de bornes Wi-Fi au sein de la commune. Après avoir laissé à Tiscali le soin de poursuivre une expérience commencée à Felletin dans la Creuse (voir édition du 29 avril 2003), France Télécom a poursuivi ses expérimentations sur une dizaine de villages essentiellement répartis dans le Centre et le Sud-Est. Sur 720 habitant en moyenne par site, une trentaine de clients ont adhéré à cette alternative à l’ADSL.

Et le déploiement continue. France Télécom prévoit d’équiper en accès ADSL tous les répartiteurs de plus de 1 000 lignes d’ici deux ans (fin 2005). Environ 26 millions de lignes supporteront alors l’ADSL, soit 90 % de la population. En accélérant le déploiement du haut débit, France Télécom vise notamment à couper l’herbe sous le pied aux collectivités locales tentées d’installer leurs propres réseaux haut débit. L’expérience menée à Pau – qui devrait ouvrir sa boucle locale très haut débit en 2004 – pourrait donner des idées à d’autres communes. C’est pourquoi l’opérateur collabore étroitement avec lesdites collectivités pour « déployer le haut débit partout en France ». Pour atteindre cet objectif, France Télécom a mis en place un programme de demande d’installation de DSLAM. Depuis le 3 novembre 2003, l’opérateur s’engage à équiper ses répartiteurs en ADSL dès que 100 clients d’une même desserte en font la demande. Depuis le lancement de l’offre, 115 communes ont effectué la préréservation, soit 30 répartiteurs.

Un facteur de croissance

Cette accélération n’a rien d’étonnant. Le haut débit est communément considéré comme un facteur de croissance pour les régions, tout en générant des revenus du côté des opérateurs et fournisseurs d’accès (voir édition du 3 décembre 2003). Surtout, la concurrence a elle aussi mis les bouchées doubles pour déployer ses propres réseaux. Free couvre désormais une vingtaine de villes tandis que LDCom dégroupe au rythme de 1 000 lignes par jour et vise les 500 000 pour fin 2004 (voir édition du 30 septembre 2003). Cegetel n’est pas en reste et vise la couverture des villes de plus de 30 000 habitants pour 2004 (voir édition du 23 juillet 2003). Talonné par des acteurs agressifs en termes de tarification de leurs offres, France Télécom joue la carte des zones isolées en s’installant là où les concurrents ne mettront pas immédiatement les pieds. Une stratégie qui s’avèrera doublement payante si l’Autorité de régulation des télécoms (ART) accède à la demande du groupe de pouvoir moduler ses tarifs en fonctions des zones géographiques (voir édition du 21 novembre 2003). Sachant que moins il y aura de clients potentiels, plus les prix seront élevés. A ce rythme, la fracture numérique a encore de beaux jours devant elle…